Avril 2013
J’ai vu S. dimanche après-midi. On a pris un verre à une terrasse près de chez moi, pendant plus de deux heures. Ça me fait à chaque fois un drôle d’effet. Se retrouver face à une personne à la fois si proche et en même temps complètement inconnue.
Nous avons passé plus de quatre ans sans presque nous séparer, puis quasiment une année à des milliers de kilomètres (avec deux moments de retrouvailles), et nous voilà étrangers depuis maintenant six ans.
Je retrouve des expressions, des tics, son rire et son parfum. Je ne reconnais pas ses vêtements, je n’ai jamais vu son nouvel appartement, ni sa copine (depuis apparemment trois ans, information qu’il a rechigné à me fournir, étrangement, alors qu’il me pose à chaque fois des questions sur mes amours).
C’est à la fois lui et pas lui.
Et lui, que ressent-il face à moi ?
Je doute qu’il se pose autant de questions, mais malgré tout, au fond de lui, il doit bien y avoir ce sentiment confus d’attirance, de curiosité et d’étonnement, face à quelqu’un qu’on a aimé, avec qui on a dormi, voyagé, souffert, et qui n’est plus aujourd’hui qu’un inconnu, pas tout à fait anonyme, mais presque.